Madame Labriski, véritable boule d'énergie

Entrevue

La Smorveilleuse, La Fiesta Grenada ou encore la Florida en smoking… à la lecture de ces noms un peu loufoques de recettes de galettes, un petit sourire en coin se dessine inévitablement sur le visage des apprentis pâtissiers qui s’apprêtent à mettre la main à la pâte. L’expérience commence ici. Et une fois la galette en bouche, c’est l’extase! Parce qu’une galette sans gras, sans sucre ajouté, santé, et qui a bon goût, de surcroit, oui, c’est possible. Demandez à Madame Labriski!

«Changer le monde une galette à la fois», voici la devise de Mériane Labrie, celle qui est derrière Madame Labriski, ces galettes dont tout le monde parle… L’aventure commence il y a cinq ans, lors de son congé de maternité. «À la base, j’ai créé l’univers de Madame Labriski, une galette à la fois, pour combler mes besoins. Je voulais trouver des collations santé qui étaient vraiment bonnes au goût. Quand on s’entraîne au marathon, qu’on fait 10 à 25 kilomètres par jour, qu’on a une carrière exigeante et qu’on est une maman, on veut pouvoir bien manger, sans que ça nous coûte un bras.»

Mériane commence donc à faire des recherches pour trouver des recettes de collations vraiment santé. «De la cassonade au lieu du sucre? Mon Dieu, non!», s’exclame cette boule d’énergie au sens de l’humour affuté. À cette volonté de combler ses besoins de grande sportive s’est ajouté le désir de prouver qu’il est possible de remiser le sentiment de culpabilité souvent associé au fait de manger. «Il faut arrêter de se sentir coupable de manger, parce qu’il faut manger dans la vie, s’exclame Mériane. C’est un mélange de tout ça qui m’a motivée à partir avec ma cuillère en bois lors de mon premier congé de maternité. Je n’ai fait que ça. J’ai fait de la purée de dattes pour remplacer le sucre. Je me suis dit, je vais créer un blogue, il y a peut-être d’autres gens qui pourraient s’y intéresser… des galettes sucrées à la purée de dattes! Et 5 ans plus tard, on est vraiment heureux d’être meilleur vendeur en cuisine!» 

Depuis sa sortie en septembre 2016, le livre de recettes Madame Labriski, ces galettes dont tout le monde parle, issu du blogue du même nom, fait un malheur avec près de 100 000 exemplaires vendus, auprès d’un public très varié qui a un désir en commun, assouvir sa gourmandise, sans culpabilité aucune! «J’ai toujours aimé les galettes, c’est moelleux et il y a un côté très réconfortant là-dedans. C’est une gâterie sans culpabilité, parce qu’il faut se faire plaisir dans la vie, assume Mériane. Un de mes combats, c’est de dire que manger santé, ça goûte bon, et ça peut générer beaucoup de bonheur!» 

Une, deux, trois galettes… 
«J’ai toujours mangé quatre fois plus de bonbons que ma sœur», s’exclame en rigolant la maman entrepreneure. Enfant à la dent sucrée, Mériane Labrie grandit toutefois dans une famille un peu «grano», selon ses dires. «Je me rappelle du jour où ma mère a dit qu’on ne mangerait plus de pain blanc, mais du pain brun. Du pain de blé entier qui était épouvantablement mauvais, se souvient-elle le sourire aux lèvres. Mais ma mère a ouvert la porte à mon intérêt pour le volet plus santé. En grandissant, je l’ai développé et je me suis mise à lire beaucoup.» 

Publicitaire de formation (elle aura même suivi un cours à l’École nationale de l’humour pour s’aguerrir à l’art du punch!), Mériane Labrie fonde 21 grammes, agence d’idéation, soit une agence spécialisée en ADN de marque. À côté de l’aventure Madame Labriski, elle y est encore très impliquée. Il faut donc savoir jongler avec ses différentes casquettes. Mais une chose est certaine, son expérience dans le domaine lui a définitivement donné une vision claire de ce qu’elle voulait faire de sa propre marque caractérisée par un humour certain aux accents russes. «Cela fait plus de 18 ans que je travaille dans les agences de publicité comme concepteur-rédacteur et stratège. J’observe et fais vivre les marques des autres. Mon blogue, quand il est apparu en 2012, j’en avais déjà une vision. Le slogan de Nike, c’est Just do it, et pour moi c’était Just do it, make it happen! Au jour 1, j’ai traité mon blogue comme une grande marque nationale», s’esclaffe Mériane. N’empêche, c’est sans doute l’un des ingrédients de son succès. «Les gens pensaient que j’étais une grande entreprise, alors que j’étais toute seule à cuisiner chez nous et à dépenser de l’argent à l’épicerie! Mais je suis une visionnaire, j’ai une vision de mon projet depuis plusieurs années, et la sortie du livre m’a permis d’exploser. Et je considère vraiment qu’on est que dans le portique de ce qui, j’espère, arrivera!»

Madame Vachon, ça vous dit quelque chose? «Ça a commencé par une dame chez elle, dans sa cuisine, qui faisait des gâteaux. Aujourd’hui, c’est un empire et je fais partie d’une génération qui a grandi avec les gâteaux Vachon. Mais c’est une autre époque, l’alimentation évolue et je trouve qu’il y a une explosion dans la diversité des produits. Le monde mange de plus en plus bio, cherche à mieux consommer au niveau du sucre, alors pour moi, il y avait quelque chose à faire.» Le créneau de ses galettes: «mange-en une, deux, ou trois, anyway, ce n’est que de la nourriture de qualité que tu mets dans ton corps!» 

À chacun son rêve… olympique!
Si le sport prend autant de place dans la vie de Mériane Labrie, c’est définitivement parce qu’il agit au titre de propulseur dans tous les autres domaines. Lorsqu’elle découvre le marathon, il y a quelques années, elle ne se doutait pas que ça allait changer le cours des choses. «De l’âge de 5 à 17 ans, j’ai fait du patinage artistique. J’avais un certain talent, mais je ne suis pas allée aux Jeux olympiques», rigole Mériane. Mais, n’empêche, elle portait quand même ce rêve en elle. «Quand je me suis inscrite à une ligue de demi-marathon, pour passer le temps, je me suis dit que ça allait être un peu comme mon rêve olympique à moi. J’en ai fait un et j’ai eu la piqure. L’année d’après, j’ai fait mon premier marathon complet et je me suis qualifiée pour Boston. Après Boston, j’ai fait New York, j’ai eu un bébé et j’ai fait Chicago. J’ai terminé mon marathon en 3 h 08, première québécoise… C’est à ce moment que je me suis demandé, que veux-tu devenir, quel legs veux-tu donner à la société? Je me suis dit que tout est possible, tout ce que tu as à faire, c’est de te concentrer et travailler fort. Ça a vraiment changé ma vie. Le blogue est apparu, un mois après», raconte la marathonienne. 

Aujourd’hui, Mériane caresse toujours le rêve de participer aux Jeux olympiques… mais à titre de commanditaire grâce à Madame Labriski! «Tel athlète propulsé par Madame Labriski, ces galettes dont tout le monde parle… c’est ma grande vision!» Un rêve pas si fou, puisque de nombreux athlètes possèdent le livre dédicacé de Madame Labriski. «Après les jeux de Rio, il y avait même des athlètes qui m’envoyaient des selfies d’eux avec mon livre… Je suis vraiment honorée!» 

De nombreux projets sportifs sont à venir pour Madame Labriski, dont le MégaRelais Madame Labriski qui consiste à faire bouger le Québec les 16 et 17 septembre prochain par l’entremise de la course à pied. «C’est une course à relais gourmande, en équipe de 4 à 6 coureurs pour les plus aguerris ou de 7 à 12 coureurs pour les moins expérimentés. Il y aura 36 méga zones de relais, avec des surprises, des cadeaux, de l’animation… Venez faire le plein d’endorphines et de bonheur, c’est ça l’idée! Et c’est pour une bonne cause, Filles actives, qui cherche à faire bouger les adolescentes.» Ses conférences sur le dépassement de soi reprennent également de plus belle dès le 21 août, alors qu’une surprise attend les fidèles de Madame Labriski dès novembre… la commercialisation de la fameuse purée de dattes! Ça bouge en Labriski, comme dirait l’autre! 

Entre son rôle de maman à plein temps, son agence d’idéation, l’aventure Madame Labriski, ses entraînements, et j’en passe, quel est son secret pour avoir autant de vitalité? «Mon secret en ce moment, c’est de bien manger et de m’assurer d’être en super forme. Je cours à des heures bizarres, parce que je suis une maman de deux enfants, mais le fait de bien manger et d’être très en forme sont des éléments clés, parce que je pense que j’aurais déjà fait une dépression ou je serais morte de fatigue sinon, rigole-t-elle. Mais je ne peux pas compter les heures que je passe sur Madame Labriski, parce que c’est une aventure incroyable! C’est que du bonheur. Je suis dans ma mission de vie, parce qu’elle me porte. Un jour, j’ai décidé que je ne voulais pas rêver ma vie, mais je voulais faire de ma vie un grand rêve.» Et il semble qu’il soit en train de se dessiner pour Mériane Labrie. 

CASSANDRA POIRIER
Journaliste
Photo: Brigitte Thériault

Par Cassandra Poirier

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