La sagesse, selon Lyne St-Roch

Entrevue

Il y a maintenant 20 ans, alors qu’elle avait étudié en sciences de l’activité physique, avait été entraîneure et massothérapeute, ­Lyne ­St-Roch a voulu se construire un nouveau chemin. C’est à travers la découverte du yoga qu’elle a vu sa vie se transformer. Depuis, c’est entre les retraites, les voyages inspirants et les classes de maîtres que ­Lyne ­St-Roch se sent épanouie et à la bonne place. En ce début de nouvelle année, place à l’introspection avec une femme de cœur !

 

Si certains préfèrent célébrer en groupe, avec les amis et la famille, ­Lyne ­St-Roch profite plutôt de ce temps de l’année pour s’offrir un petit moment, seule avec ­elle-même, avant de sauter à pieds joints dans cette nouvelle année. « ­Je l’appelle mon ­entre-deux. Je vois cette transition comme une sorte de rituel. C’est le moment parfait pour voir ce que je suis sur le point de laisser derrière moi, pour m’assurer de faire de l’espace, pour honorer tout ce qui s’est présenté et, enfin, accueillir le nouveau avec bienveillance. » ­Faire de la place pour permettre à notre créativité d’exploser est le plus beau cadeau qu’on puisse s’offrir, selon ­Lyne. « ­Quand on arrive à dégager notre inconscient, notre cœur se met à parler. » ­Et si enfin vous choisissiez de prendre le temps de vous recentrer et de vous reposer pour ne pas oublier d’être, tout simplement ? C’est le souhait que ­Lyne ­St-Roch répète chaque année. « ­Je comprends que, parfois, on puisse avoir peur du vide et que de se regarder avec lucidité peut sembler douloureux ; mais, au contraire, se voir tel qu’on est, c’est enfin se retrouver. »
Apprendre à se faire confiance et à ne pas avoir peur du vide, c’est ce qui l’a menée à croire en demain. « ­Je n’ai jamais eu peur du vide ; en fait, j’adore, et mon agenda aussi, quand il n’y a rien au programme. À l’époque où j’étais encore entraîneure, je travaillais sept jours par semaine et je devenais anxieuse chaque fois que j’avais une annulation. Avec le temps, j’ai appris que, si ça arrivait, je devais l’accepter. Mon corps avait besoin d’un temps d’arrêt et il m’envoyait un signe. Je devais l’écouter. »
Tout le monde trouve que ça roule effectivement trop vite ; notre vie défile devant nos yeux alors qu’on sait bien qu’on doit ralentir. Mais comment y parvenir ? « ­En arrêtant, tout simplement. Le problème, c’est qu’on ne sait plus comment faire. On est occupé à faire plutôt qu’à vivre. On est tellement avide qu’un jour, l’élastique n’en peut plus de tirer… alors, il lâche. On tente d’aller chercher à l’extérieur de soi ce qui nous apaise et ce qui nous fait oublier notre ­mal-être. Entrer à l’intérieur de soi, c’est faire face à nos peurs, à nos craintes et à nos souffrances, mais c’est aussi commencer à jardiner pour soi. Plus on se calme, plus on devient aimant. Plus on aime, plus on devient méditatif et plus on est contenté ! »
L’amour est ce qui porte et inspire ­Lyne, chaque jour de sa vie. « J’aime me connecter à l’humain. Depuis que je suis toute petite, il y a une sorte d’énergie en moi qui est de l’ordre du sacré. J’ai toujours été attirée par ce qui est mystique. Je me suis même déjà demandé si je n’allais pas entrer chez les sœurs ! ­Je voulais aider mon prochain et je rêvais de devenir missionnaire. J’ai vite compris que ça ne serait pas ma voie, et mon égo s’est mis à faire
son œuvre. »
À travers toutes ces années d’enseignement, ­Lyne ­St-Roch est arrivée à la conclusion qu’il y avait bel et bien une grande souffrance physique chez l’être humain, particulièrement chez les femmes. « ­Que nous sommes dures envers ­nous-mêmes ! ­Je ne fais pas exception à la règle, vous savez. C’est en voulant déconstruire ma ­carapace que je me suis mise à pouvoir véritablement aider les autres. Être intègre avec soi, c’est voir l’ombre qui est en nous et l’aider à s’approcher de la lumière. » ­La bienveillance est un excellent moyen pour arriver à être bon et pas seulement avec les autres. « ­Pour y arriver, il n’y a pas cent mille solutions. On doit parvenir à libérer notre corps de toute cette pression qu’on lui a infligée à travers les années. Pour ça, il faut du temps. Quand je vois les gens débarquer dans mes classes de yoga et espérer être totalement transformés après une heure de cours, je me fais un devoir de leur rappeler que ce concept est utopique. Depuis combien d’années ­infligez-vous à votre corps tant de stress ? ­Il vous faudra être patients avant d’y parvenir, mais c’est possible. En vous accordant 20 minutes par jour, que ce soit à travers la marche, la méditation ou le yoga, tranquillement, vous trouverez votre véritable souffle et, à ce ­moment-là, vous commencerez à guérir. »
Notre énergie individuelle a ses propres limites, et il faut savoir la préserver. Comment y parvenir ? « ­Il faut faire attention à ne pas donner aux autres qu’avec le petit soi. C’est souvent ce qui arrive aux proches aidants. Ils ont la volonté d’aider sans compter, mais finissent par s’épuiser totalement. Il ne faut jamais se perdre de vue ni même s’oublier. On doit tendre vers l’équilibre, vers le juste, et chaque fois qu’on s’en éloigne, on essaie de revenir au centre. Ça veut aussi dire laisser partir des morceaux de notre vie actuelle auxquels on tient, qu’on croit essentiels et accepter de faire face à ce vide. Pour moi, c’est un peu ça, la sagesse. »
Être dans un ­Nous plutôt que dans des petits ­Je, c’est ce que s’efforce de faire ­Lyne, un peu plus chaque jour. « ­Je vois notre corps comme une terre d’accueil. Plus on apprend à aller à l’intérieur de soi, plus on apprend à se connaître. Il faut cultiver son être pour créer de l’harmonie en soi. Sans silence intérieur, on ne peut goûter à sa véritable nature. Quand nos craintes jaillissent, on doit se rappeler d’une chose : l’inconnaissable va et vient comme le vent. Il n’a aucune valeur utilitaire, mais sans lui, la vie est vide. N’ayez pas peur de plonger en ­vous-même, vous n’y trouverez que des richesses. »

Qui inspire ­Lyne ?
« ­Je ne serais jamais là où je suis sans ­Angela ­Farmer, une pionnière dans le monde du yoga. Elle m’a aidée à me défaire de cette pression
de la performance. »

Son auteur préféré ?
« ­Christiane ­Singer, décédée aujourd’hui, mais dont les écrits me hantent encore. Sa réflexion personnelle était centrée sur la prise en compte nécessaire du spirituel qui couve dans le cœur
de chacun. »

Un guide spirituel ?
« ­Ramana ­Maharshi est un maître dont les enseignements sont basés sur le ­non-duel. Il m’a beaucoup aidée à croire qu’il n’est pas nécessaire d’être rendu là où on le souhaite pour
être heureux. »

Les projets de ­Lyne pour 2020 :
L’écriture d’un premier livre ayant pour titre de travail ­Terre d’accueil. Elle collaborera avec ­Brigitte ­Vaillancourt, ­elle-même enseignante en yoga. Ce livre de ­bien-être sera publié aux Éditions ­La ­Presse. Au printemps, elle offrira de nouvelles retraites du côté de ­Québec de même qu’en ­Grèce. Tous les détails se trouvent sur son site internet : www.lynestroch.com
Lyne sera de la programmation d'Expo Yoga et bien-être, pour les détails : www.expoyoga.ca

VALÉRIE GUIBBAUD
Journaliste, animatrice et auteure • Facebook : Valerieguibbaudradiotele

Par Valérie Guibbaud

À lire aussi