Le respect du corps

Réflexion

Le corps est la principale porte d’entrée de l’âme, alors que le mental en est la porte de sortie. Autant le corps sert de pont pour faciliter le passage entre la vie extérieure et la vie intérieure, autant le mental non maîtrisé nous entraîne vers le monde extérieur. Croyez-moi, le chemin le plus court vers le lâcher-prise et la vie spirituelle, c’est le corps. En réalité, toute spiritualité qui n’est pas incarnée risque d’être cérébrale et défensive. Ainsi, elle provoque plutôt un sentiment de supériorité qui pousse certains êtres à croire qu’ils détiennent la vérité. Forts de cette croyance, ceux-ci prennent du pouvoir sur les autres, ce qui provoque des conflits relationnels et crée des guerres de religion qui n’en finissent plus.

Nous sommes des êtres incarnés. Nier l’importance prioritaire du corps, c’est s’amputer d’une dimension nécessaire à notre cheminement intérieur. C’est pourquoi il est si important de respecter notre corps et de changer notre attitude par rapport à lui. Au lieu de le considérer comme un instrument à notre service, nous gagnerions à le servir. Il m’a fallu la maladie pour le comprendre. J’agissais avec mon corps un peu comme avec ma voiture. Il devait m’amener là où je voulais aller. Il devait performer pour que j’atteigne mes objectifs. Je ne respectais pas du tout ses limites et je refusais d’entendre ses malaises. J’étais pour lui un maître intransigeant et je le tenais à la merci de mon mental. J’ai dû affronter un grave problème de santé pour comprendre la nécessité de changer mon approche: plutôt que de mettre mon corps à mon service et de servir le mental, je devais impérativement agir dans le sens contraire. Mon mental avait besoin d’être dirigé pour devenir efficace et mon corps, d’être respecté pour guérir.

Nous entendons beaucoup parler d’écoute du corps, mais très peu de respect de celui-ci. Pourtant, nous pouvons très bien écouter notre corps sans le respecter. Écouter signifie entendre alors que respecter, c’est traiter avec déférence. La vérité est que nous entendons nos limites et nos malaises sans passer à l’action.

Comment respecter notre corps et en faire une porte d’entrée sur l’âme?
En plus de lui fournir une alimentation qui répond à ses besoins spécifiques, de pratiquer quotidiennement des exercices agréables pour lui donner de l’énergie et de bien respirer pour qu’il soit plus vivant, nous devons surtout le détendre. Notre tendance à nous activer et à dépasser largement nos limites engendre énormément de stress.

Quand nous commençons à nous donner du temps pour relaxer et ne rien faire, nous commençons à saisir le lien entre le repos du corps et la vie intérieure.

Il existe plusieurs manières de détendre le corps. Certaines sont mécaniques et ne sont pas nécessairement favorables à l’intériorisation parce qu’elles sollicitent trop l’intervention du mental. Pour que votre corps devienne une porte d’entrée sur votre âme, pour qu’il serve de pont entre votre vie extérieure et votre vie intérieure, pour qu’il vous prépare au lâcher-prise, vous devez le RESSENTIR plusieurs fois par jour.

Le pouvoir du ressenti
Nous sommes familiers avec l’observation du corps, mais non avec le ressenti. En fait, nous ne prenons pas suffisamment le temps de goûter nos sensations sans chercher à les identifier ni à les nommer. Pour y parvenir, il s’agit tout simplement de vivre pleinement l’état dans lequel se trouve le corps dans l’ici et maintenant, comme lorsque nous mangeons et que nous savourons le goût des aliments. À ces moments-là, nous ne cherchons pas à savoir si la saveur est amère, sucrée ou salée. Nous la ressentons sans plus. Ainsi, pour jouir d’une détente immédiate et franchir le pont qui mène du corps à l’âme, il faut ressentir le corps, c’est-à-dire vivre un état et non effectuer une action.

Appliquons cet exercice à votre difficulté relationnelle. Après avoir bénéficié de la paix que procure l'acceptation de la difficulté que vous vivez en ce moment, je vous propose de prendre le temps de ressentir votre corps. Si votre mental. Si votre mental intervient, ne luttez pas contre lui. Prenez-en conscience et revenez à la sensation. Faites cet exercice maintenant. Fermez les yeux, ne pensez plus et ressentez votre corps pendant au moins une minute. Vous pouvez commencer par votre front, vos mains, poursuivre par votre plexus solaire, vos bras, vos organes, vos jambes et, ainsi de suite en descendant jusqu’à vos pieds.

Maintenant que vous avez pris le temps d’expérimenter cet exercice, observons les effets produits sur tout votre être. Si vous avez réussi à rester dans vos sensations, vous vous sentez sûrement plus détendu et vous éprouvez certainement un sentiment de paix encore plus grand que celui que vous avez perçu auparavant. Le but de cette étape est précisément d’approfondir votre sentiment de paix intérieure pour vous préparer au lâcher-prise. Vous avez d’ailleurs probablement observé que cette dernière expérience vous a amené, en l’espace d’un seul instant, du monde extérieur où vous étiez vers le monde intérieur. Bien sûr, il est tout à fait possible que votre mental ait voulu vous entraîner vers le dehors, mais si vous êtes revenu à vos sensations sans lutter contre lui, vous êtes certainement arrivé à vous recentrer rapidement.

Cet exercice produit un effet immédiat. Vous pouvez l’exécuter plusieurs fois par jour pendant une période de 30 secondes à 1 minute chaque fois. Il a l’avantage de pouvoir se réaliser partout et à tout moment, particulièrement quand vous vous sentez stressé. Par exemple, quand vous exécutez un travail intellectuel, arrêtez-vous de temps en temps pour ressentir votre tête et votre front. Vous bénéficierez d’une détente instantanément. Faites de même quand vous restez trop longtemps devant votre ordinateur.

Vous pouvez aussi ressentir votre corps les yeux ouverts, quand vous conduisez votre voiture en pleine circulation ou durant une réunion pendant laquelle les discussions sont un peu trop animées ou encore quand vous faites la queue au supermarché. Ressentez alors votre ventre, votre poitrine et vos épaules. La détente s’installera tout de suite. Vous pouvez également vous servir de cet exercice comme moyen de méditation, 15 à 20 minutes le matin au lever et de nouveau après votre journée de travail. Je vous encourage fortement à l’intégrer à votre vie quotidienne. Après un certain temps, vous ne pourrez plus vous en passer et vous vous sentirez plus calme que jamais parce que vous ne laisserez plus le stress s’emparer de vous. Vous saurez comment le neutraliser dès qu’il vous envahira.

Appliquez aussi cette pratique à votre relation difficile. Aussitôt que vous vous rendrez compte que vous entretenez des pensées désagréables et inquiétantes par rapport à la personne qui vous a blessé, recentrez-vous dans votre corps, et ce, aussi souvent que vous en sentez le besoin. Petit à petit, vous deviendrez ainsi le maître de votre mental et vous vous mettrez au service de votre corps. La paix que vous ressentirez par rapport à votre problème, aussi passagère soit-elle au début, vous aidera à aller au bout du processus, qui se termine par le passage à l’action. De plus, cette paix vous ouvrira la voie au lâcher-prise.

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Moyens rapides pour réduire le stress

Type de stress
• Stress intellectuel
• Stress émotionnel
• Stress physique
• Stress organique
•Stress général

Moyens
• Ressentir la tête et le front
• Ressentir le ventre, la région du plexus solaire et la poitrine
• Ressentir les membres, le dos et le corps dans son ensemble
• Ressentir l'organe concerné
• Ressentir le corps pendant 20 minutes, 2 fois par jour en guise de méditation

COLETTE PORTELANCE
TRA, Thérapeute en relation d’aide par l’ANDC
Fondatrice du Centre de relation d’aide de Montréal (CRAM)
www.cramformation.com • Facebook : CRAM.EIF

Extrait de
L’acceptation et le lâcher-prise,
PORTELANCE, Colette, Éditions du CRAM, 2014, pp.49-54.

par Colette Portelance

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