Réaliser ses rêves en VANLIFE

C’est avec le sourire dans la voix et le cœur léger qu’Isabelle Turcot nous parle en direct de la Gaspésie, où elle a porté ses pénates temporairement. Habituée au mode de vie nomade après avoir travaillé sur la route de nombreuses années comme responsable de cuisine pour le Cirque du Soleil, elle apprivoise depuis quelques mois la vanlife quatre saisons, un mode de vie simple qui lui permet de laisser aller sa spontanéité.

Parlons d’abord de votre « parcours » vanlife. Qu’est-ce qui vous a poussée vers ce mode de vie/transport au départ ?
C’est quelque chose que je considérais depuis un certain temps. C’est une manière de voyager différente, un style de vie différent. Après des années sur la route pour le travail, je cherchais un nouveau moyen d’aller à l’aventure. Au printemps 2019, je regardais des vidéos des Iles-de-la-Madeleine et je rêvais d’y aller. J’y ai vu l’occasion d’essayer la vanlife. J’ai donc loué une van pour commencer.

Quels aspects vous ont donné le goût de passer à la prochaine étape, soit celle d’acheter une van ?
J’ai aimé le format, la facilité qu’il y a à conduire le véhicule. Et c’était simple, agréable. À mon retour, je pense que je cherchais un moyen de justifier mon futur achat. Je me suis rendu compte que les déplacements quotidiens que j’avais à faire pour aller travailler — trois heures chaque jour — pesaient lourds et étaient énergivores. En discutant avec des proches, je me suis décidée. De septembre à mars, je faisais donc dodo en ville dans ma van, à proximité de mon travail, puis je retournais chez moi la fin de semaine. Mais, durant la pandémie, j’ai perdu mon emploi. J’ai alors décidé de tout vendre. Le 1er juillet, j’ai remis les clés de ma maison à un nouveau propriétaire.

La transition a nécessairement exigé que vous réduisiez la quantité de choses que vous possédiez.
Je me suis débarrassée des gros morceaux, comme les meubles. J’ai fait un premier tri ; puis, ce que j’ai choisi de conserver est entreposé quelque part. Je n’ai pas tout donné, le temps de voir ce dont j’aurai besoin dans mon quotidien au fil des mois.

Quels avantages y a-t-il à ce mode de vie ?
Pour moi, il y a deux volets. Je retrouve la vie nomade de mon travail, moi qui aime la spontanéité. Il y a le côté financier aussi : ça donne une liberté que je n’avais pas avant. N’ayant pas de conjoint, j’avais besoin d’un job de gestionnaire pour pouvoir payer ma maison. Un boulot de ce genre vient avec beaucoup d’heures de travail. On arrive chez soi, épuisé, et on ne profite pas de la maison… J’avais envie de simplicité. Ce que je veux faire dans la vie n’est pas nécessairement payant. Réduire mon train de vie me permet de faire ce que j’ai envie de faire. J’ai le goût de revenir aux sources, d’avoir du temps, de rencontrer des gens.

Parlez-nous de la van dans laquelle vous vivez présentement.
C’est le modèle de base 2500, de VanLife MTL, avec une toilette, un lit et une cuisine. J’ai fait ajuster les panneaux solaires et la batterie. C’est tout simple.

Van life intérieur

©Photo: Van Life Mtl - Magazine Mieux Etre

La vie de campervan peut nous sembler paradisiaque l’été au beau temps… Comment gérez-vous le froid, la neige, l’humidité ?
Je suis quelqu’un qui a beaucoup de loisirs. Je joue de la guitare, je fais du point de croix, de la lecture. Je m’occupe sans problème. Quant au chauffage, il est très adéquat. Il faut seulement s’assurer d’isoler les fenêtres pour éviter les pertes de chaleur l’hiver, mais aussi pour ne pas que ça devienne étouffant l’été.

Vous vivez avec des animaux dans cet espace ; comment se passe la cohabitation ?
J’ai eu un chien avec moi au début, ça se passait bien. Maintenant qu’il est mort, je cohabite avec un chat. Il aime le voyagement, il est habitué au véhicule en mouvement. Je suis en train de l’habituer à marcher en laisse.

Côté logistique, comment procédez-vous pour la douche, le lavage ou encore la réception du courrier ?
J’ai une douche extérieure que je peux utiliser. Sinon, je vais régulièrement voir ma famille ou mes amis ; donc, j’en profite pour utiliser leur douche et faire quelques brassées. Je fréquente également les buanderies, ce qui est assez efficace, car on peut faire plusieurs brassées en même temps. Pour le courrier, j’utilise l’adresse postale de ma mère lorsque c’est nécessaire ; tout le reste se fait de façon électronique.

À quel endroit vous installez-vous pour un soir de semaine « normal » ? Comment s’assurer de trouver un endroit sécuritaire et adapté ?
Je ne pense pas revenir à un quotidien « normal ». Mon objectif est de faire le trajet Alaska-Patagonie tout en ayant des revenus sur la route, par exemple en faisant du télétravail, ce qui est de plus en plus la norme. Quant au lieu, je suis encore en mode découverte et exploration. Avant, c’était facile : je me stationnais au travail. Pour l’instant, je me promène chez la famille et les amis. Je suis allée dans des campings quelques fois pour bénéficier des services. J’apprends à connaître mon véhicule et ses ressources. Il faut être discret. J’opte pour des coins tranquilles afin de respecter l’environnement et les gens. J’essaie de ne pas déranger.

Nous sommes en 2020, mais il faut quand même encore poser la question. En tant que femme voyageant seule, comment vivez-vous cette indépendance ?
On me pose beaucoup la question. Je me suis toujours dit que je n’attendrais pas d’avoir un copain pour vivre mes rêves. Je n’ai jamais eu peur en van. En tente, ça m’est parfois arrivé d’avoir un peu peur, de me sentir plus vulnérable. Mais la peur est beaucoup dans notre tête. Il faut apprendre à se parler et à se rassurer. Je suis plus vieille aussi, je suis plus en contrôle. Il faut dire également que je n’ai pas besoin de sortir de mon véhicule pour aller derrière le volant. Si je me sens mal à l’aise ou inquiète, je passe discrètement sur le siège conducteur et je pars.

Que diriez-vous à quelqu’un qui aimerait tenter l’expérience ?
Pourquoi ne pas commencer par l’essayer ? On peut louer des véhicules avec VanLife MTL et y aller par étape, voir si on s’y plaît. Le plus difficile, c’est de faire le saut. Au début, avant la pandémie, je faisais des farces quand je disais que j’allais tout vendre. C’est sûr que le moment de signer les papiers de vente de la maison, c’était une grosse affaire, mais je ne regrette rien. C’est un mode de vie qui n’est pas commun. On a tous une certaine résistance au changement, on vit dans la ouate, mais on peut s’entourer de gens qui nous encouragent. Ça permet de vivre autrement. Quand on simplifie notre vie, ça donne des défis, mais ça fait grandir !

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En collaboration avec Van Life

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