Les principaux obstacles à la connaissance de soi

Relation d'aide

Les principaux obstacles qui vous empêchent d’accéder à la vraie personne que vous êtes et qui, par conséquent, entravent considérablement le développement de l’amour de vous sont de fausses personnalités que vous avez adoptées dans le passé et qui ne reflètent en rien votre véritable nature. Ces personnalités greffées à votre essence profonde vous cachent vos états d’âme et les ressources qui vous permettraient de vous aimer et de vous réaliser.

Quels sont donc ces obstacles à la connaissance et à l’amour de vous-même ? Quelles sont ces personnalités-annexes qui faussent votre perception de ce que vous êtes réellement et la perception qu’ont à votre sujet les personnes de votre entourage ?

Le personnage
Pour être aimés et reconnus, et surtout pour ne pas être humiliés, jugés ou rejetés, nous avons tous joint à notre nature première des sortes de personnalités qui ne nous ressemblent pas. Bien qu’il en existe plusieurs, les deux plus connues sont le personnage de la personne parfaite et celui du supérieur, dont il sera question dans cet article.

La personne parfaite
Vous avez sûrement entendu ou dit des phrases comme celles-ci : « Je ne sais pas pourquoi elle l’a quitté, c’est un saint homme. » ou « Je ne comprends pas qu’il la rabroue, c’est une femme sans défaut. » Être en relation avec un être parfait est toujours très difficile, et ce, pour plusieurs raisons. La première est que le parfait n’est pas lui-même. Pour être aimé, il s’est créé une image qui le rend inaccessible à l’intérieur.

Ce personnage se caractérise par une bonté angélique, une inépuisable bienveillance et une entière abnégation qui le pousse à centrer sa vie sur la satisfaction des besoins des autres à son détriment. Surtout, ne le jugez pas trop vite parce que c’est le moyen défensif qu’il a trouvé, enfant, pour ne pas souffrir du manque d’amour et de reconnaissance de ses éducateurs.

Le parfait ne s’aime généralement pas parce qu’il n’existe pas vraiment. Il prend son importance dans la vénération qu’on lui porte et non dans ce qu’il est. Il peut difficilement se connaître, car il éprouve de profonds malaises lorsqu’il est mis devant ses imperfections. Être parfait, c’est ne pas déranger et ne jamais susciter de malaises chez les autres ni de conflits. Être parfait, c’est se conformer aux modèles dominants, aux instructions justes ou injustes de l’autorité, aux principes, aux valeurs, aux besoins, voire aux caprices des autres à son propre désavantage.

Vivre avec un être parfait peut devenir insupportable à la longue. Ceux qui évoluent dans une telle relation finissent par croire qu’elles sont de mauvaises personnes parce que le parfait déclenche involontairement en eux des sentiments d’impatience, de culpabilité, d’infériorité et même de colère qui les rendent défensifs. Aux yeux du monde, les membres du couple amoureux, fraternel, professionnel ou amical formé par une personne illusoirement sans reproche et une autre imparfaite sont trop souvent vus comme le bon et le méchant.

Dans le système entretenu par ces deux personnes, il est évident que les deux souffrent du manque chronique de connaissance d’elles-mêmes parce qu’elles se sont inconsciemment fermées à l’écoute de leurs émotions, de leurs réactions défensives et de leurs ressources. À cause de cette fermeture, elles ne savent pas de quoi est réellement faite leur vie intérieure. Elles ne sont pas conscientes de leurs blessures, de leurs besoins et de leurs ressources profondes. Si elles l’étaient, elles ne s’estimeraient ni parfaites ni imparfaites, mais tout simplement humaines.

Le personnage du supérieur
La personne qui a adopté le personnage du supérieur est quelqu’un qui se défend contre la souffrance de son infériorité et de son insécurité inconscientes en se plaçant au-dessus des autres. Elle se sert de la science, de la religion, de ses diplômes, de son argent, de ses connaissances, de ses contacts ou de ses galons hiérarchiques pour asseoir sa supériorité, ce qui l’amène à prendre le rôle de juge et de détentrice de vérité.

Le supérieur ne s’aime pas. Il n’aime que son personnage qu’il nourrit en se comparant favorablement à ceux qui ont moins de diplômes que lui, moins d’argent ou moins de connaissances dans les domaines qui l’intéressent ou encore à ceux qui n’adhèrent pas à ses croyances religieuses, politiques ou scientifiques. Il a besoin de se croire mieux et meilleur que les autres pour exister. Il est convaincu que c’est de cette façon seulement qu’il attirera la considération.

Par ses jugements sur les autres et sur le monde, il peut sembler menaçant à ceux qui l’entourent. Il peut susciter en eux la peur d’être inadéquats, la peur d’être jugés, l’insécurité, la honte et l’infériorité. Ceux-là ne savent pas qu’il se place au-dessus pour ne pas ressentir sa propre insécurité, sa peur des autres, son sentiment d’infériorité, son insondable vulnérabilité. Ils ne savent pas non plus que notre grandeur et notre force en tant qu’êtres humains se trouvent dans notre vérité profonde et que le seul véritable pouvoir que nous ayons vient de la connaissance de l’authentique personne que nous sommes et de l’amour réel que nous avons pour cette personne telle qu’elle est.

Soyez indulgent envers les personnages des autres. La vérité est que vous en cultivez aussi pour satisfaire vos besoins d’être aimé et reconnu, croyant bien innocemment qu’ils vous rendront heureux.

Mais vous oubliez que loin de vous apporter l’harmonie et la paix du coeur, ils sont l’une des principales causes de vos tourments. C’est le cas également de ce comportement défensif qui vous rend totalement impuissant et qui empoisonne votre vie et toutes vos relations, celui de victime.

La victime
Dès que nous nous éloignons de notre vraie nature, nous luttons contre nous-mêmes. Or cette lutte se poursuit toujours à notre détriment parce que nous en sortons indéniablement vaincus.

Les vrais perdants dans la vie ne sont pas ceux qui n’ont pas réussi à obtenir les médailles d’or, d’argent ou de bronze lors des compétitions de toutes sortes, mais ceux qui donnent le pouvoir au regard des autres et qui se façonnent une image pour leur plaire à leur désavantage.

Les vrais perdants sont ceux qui mettent les autres responsables de tous leurs déboires. S’ils sont malheureux, c’est la faute des autres ; s’ils ne sont pas aimés, c’est la faute des autres ; s’ils vivent des conflits, c’est la faute des autres. Imaginez leur profonde souffrance. Quel pouvoir leur reste-t-il pour changer quelque chose dans leur vie ?

En partant du principe que les autres sont responsables de vos malheurs, vous limitez votre pouvoir de transformer ce qui vous rend malheureux. Ce faisant, la possibilité qui vous reste est celle d’essayer de changer ceux qui déclenchent vos blessures pour ne plus souffrir. Cette tâche vous épuise inévitablement parce qu’elle est complètement inutile et improductive.

En réalité, vous n’êtes pas des victimes. Vous avez greffé ce comportement défensif à votre psychisme par manque de confiance en vous, par manque d’estime de vous et par manque de connaissance de vos ressources. Vous vous croyez impuissant alors que vous ne l’êtes pas. En mettant les autres responsables de vos malaises et de vos échecs, par défaut de reconnaître vos forces, vous ne faites jamais appel à vos ressources, tant vos ressources spirituelles que celles de votre personnalité. De cette manière, vous n’apprenez jamais à solliciter vos richesses intérieures, ce qui a pour conséquence que vous n’êtes pas conscient de la puissance qui vous habite. Étant donné que vous n’avez pas expérimenté l’action créatrice de cette puissance dans l’adversité, vous vous croyez faible, ce qui vous amène à donner au monde extérieur le pouvoir sur votre vie et à répéter des fonctionnements qui vous enlisent dans de fausses croyances à votre sujet, des croyances qui vous empêchent de vous respecter, de vous faire respecter et, par conséquent, de vous aimer.

Quand vous vous portez mal et que vous souffrez, arrêtez-vous et aimez-vous assez pour prendre le temps de vous observer et de découvrir comment vous vous défendez, quelles émotions vous vivez et quels sont vos besoins non satisfaits dans l’ici et maintenant. Cela vous donnera la possibilité de vous connaître et, subséquemment, de changer ce qui vous fait souffrir. Sinon, habité par votre propre impuissance, vous tenterez sans doute de vous victimiser, de changer les autres, de les responsabiliser de vos souffrances, ce qui vous rendra incapable de régler vos problèmes et ternira encore plus la sombre image que vous avez de vous.

COLETTE PORTELANCE
TRA, Thérapeute en relation d'aide par l'ANDC
Fondatrice du Centre de relation d'aide de Montréal (CRAM)
www.cramformation.com • Facebook : CRAM.EIF

Extrait du livre L’amour de soi, Éditions du CRAM, 2014 pp 27-32

par Colette Portelance

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