Soutenir naturellement les femmes atteintes d’endométriose

Certaines statistiques suggèrent qu’environ 10 à 15 % des femmes seraient atteintes d’endométriose [1]. C’est plus d’un million au Canada et environ 200 millions de femmes dans le monde! Malgré la prévalence élevée de la maladie, plusieurs écueils font en sorte que les femmes atteintes n’ont malheureusement pas toujours accès à de l’information, du support et des soins adaptés. La naturopathie ainsi que d’autres médecines complémentaires proposent une panoplie de solutions naturelles permettant d’améliorer grandement la qualité de vie des femmes atteintes d’endométriose.

Définition et mécanismes
« L’endométriose se définit comme étant la présence ectopique, en dehors de la muqueuse utérine, de tissu endométrial. Elle peut siéger dans la profondeur du muscle utérin, dans un organe pelvien (trompe, ovaire, rectum) ou dans un lieu plus éloigné (tube digestif). » (Dictionnaire médical Manuila, 2004). On sait toutefois aujourd’hui que l’on peut en retrouver à d’autres endroits (ligaments utérins, vessie, poumons par exemple). Les tissus d’endométriose réagissent également aux fluctuations hormonales. À chaque menstruation, ils se désagrègent, saignent et irritent les organes et les nerfs avoisinants. Avec le temps, cela provoque un état inflammatoire chronique et de la douleur. Il peut aussi se former du tissu cicatriciel reliant les organes entre eux, nuisant à leur bon fonctionnement et occasionnant des douleurs supplémentaires. Au moment d’écrire ces lignes, nous ne connaissons pas la ou les causes spécifiques de l’endométriose. On sait toutefois que la maladie pourrait être déclenchée par divers facteurs environnementaux et inflammatoires et qu’une réponse immunitaire anormale est impliquée.

Symptômes fréquents
• Douleurs pelviennes s’accentuant lors des menstruations et/ou de l’ovulation
• Douleurs lors des relations sexuelles
​​​​​​​• Troubles digestifs (constipation, diarrhée, sang dans les selles, etc.)
​​​​​​​• Infertilité
​​​​​​​• Problèmes urinaires (douleurs à la vessie, sang dans l’urine, etc.)
​​​​​​​• Douleurs dorsales (bas du dos ou ailleurs), parfois jusque dans les jambes
• Fatigue, dépression

APPROCHES NATURELLES
Suivre les phases naturelles du cycle

Pour ce qui est de l’activité physique, les femmes vivant avec de l’endométriose pourraient bénéficier d’activités plus douces comme la natation, la marche, le yoga doux ou le yoga hormonal. Chaque femme est différente et doit écouter les limites de son corps tout en demeurant active. L’activité physique aide à la gestion de la douleur et au mieux-être global.

Pour celles qui ont toujours des ovulations et donc un cycle menstruel, il peut être utile de moduler le niveau d’activité en fonction de celui-ci. Pour ce faire, il suffit tout simplement d’indiquer au calendrier les différentes phases du cycle pour laisser l’espace nécessaire à plus de douceur au besoin lorsque les douleurs sont plus fortes ou que l’énergie n’est pas au rendez-vous. Lors de la phase lutéale, après l’ovulation ainsi qu’au moment des menstruations, c’est important d’inclure plus de repos, des activités plus douces ou introspectives. En contrepartie, la phase folliculaire, entre les menstruations et l’ovulation, et la phase ovulatoire sont des périodes plus propices à l’activation plus intense, la préparation de nouveaux projets, etc.

METTRE EN PLACE UNE ALIMENTATION SAINE ET ADAPTÉE
Favoriser une alimentation la moins transformée possible. L’exposition à certains pesticides augmenterait les risques d’endométriose selon certaines études [2].

• Inclure beaucoup de légumes, surtout vert foncé et feuillus et ceux de la famille des brassicacés (choux, brocolis, chou frisé, etc.) : Ils favorisent l’équilibre sain de l’œstrogène. De plus, les légumes vert foncé sont souvent riches en magnésium et en calcium, des minéraux très importants pour l’équilibre hormonal. Le magnésium aide grandement à diminuer l’inflammation et la douleur.

• Consommer suffisamment de fibres (céréales à grains entiers, fruits, légumes, graines, noix). Les graines de lin, notamment, qui contiennent des lignanes (un des groupes de phytoestrogènes) sont particulièrement intéressantes pour l’équilibre hormonal notamment en gardant un niveau sain d’œstrogènes. Ceci est intéressant, car on sait que les tissus d’endométriose réagissent à ces hormones.

• Favoriser la bonne santé de la flore intestinale (microbiote): Inclure une variété de fruits et légumes (manger l’arc-en-ciel), inclure beaucoup de fibres, des lacto-fermentations, aliments entiers et ajouter des probiotiques au besoin. La santé de la flore intestinale est intimement liée au fonctionnement du système digestif, du système immunitaire et à la gestion de l’inflammation et plus encore. [3].

• S’assurer d’avoir une quantité suffisante d’acides gras essentiels, notamment omégas 3 (poissons, graines de lin, graines de chanvre, graines de chia, noix de Grenoble…) Les omégas 3 participent à la réduction de l’inflammation. [4].

• Réduire la consommation d’aliments pro-inflammatoires : Il s’agit principalement du sucre, de la friture, du maïs, du gluten, de la viande rouge et des produits laitiers.

• Diminuer la caféine. La caféine a tendance à nuire à l’équilibre hormonal, au fonctionnement optimal du foie (selon les quantités) ainsi qu’à la santé du microbiote intestinal, ce qui n’est pas aidant dans le cas de l’endométriose.

• Inclure des aliments anti-inflammatoires et antioxydants : Curcuma, thé vert, légumes verts, épices, etc. Les aliments riches en antioxydants aident à diminuer les dommages oxydatifs causés aux tissus par l’inflammation.

• Inclure des aliments amers (radicchio, roquette, chicorée, pissenlit, etc.) : L’amertume aide à favoriser le fonctionnement du foie, organe très important pour l’équilibre hormonal et une digestion optimale.

PLANTES MÉDICINALES À LA RESCOUSSE
Pimbina (Viburnum Opulus) 
C’est une plante aux vertus antispasmodiques, donc qui aide à diminuer les crampes et spasmes! Le pimbina est un relaxant très efficace au niveau utérin. Il peut s’utiliser en cas de crampes menstruelles, mais aussi pour les douleurs ressenties dans le bas du dos, dans les jambes, en cas de spasmes digestifs, etc. C’est une alliée à avoir sous la main surtout si les douleurs menstruelles ou ovulatoires sont importantes.

Mode d’utilisation : Teinture de l’écorce

Achillée millefeuilles (Achillea millefolium)
L’achillée millefeuilles est une petite pharmacie en soi! Non seulement elle est anti-inflammatoire au niveau de l’utérus, mais elle est aussi «décongestionnante» au niveau circulatoire, ce qui peut apaiser les douleurs liées à l’endométriose. De plus, elle agit également comme anti-inflammatoire aux niveaux digestif et urinaire. Or, on sait que dans le cas de l’endométriose, l’inflammation peut toucher divers organes. Elle s’utilise aussi en cas de menstruations abondantes (en infusion).

Mode d’utilisation : Infusion. Teinture des fleurs, feuilles et racines

La racine de pissenlit (Taraxacum officinale)
En plus d’être très nutritive et de contenir plusieurs nutriments essentiels au bon fonctionnement de système endocrinien (riche en fer, potassium, vitamine A et vitamine C), la racine de pissenlit est une plante de choix pour soutenir le travail du foie. En effet, c’est notamment grâce au foie que les œstrogènes en excès seront dégradés et éliminées, ce qui peut aider dans le cas de l’endométriose, car il s’agit d’une condition réagissant à la présence d’œstrogènes. De plus, le pissenlit peut aider à diminuer les inconforts digestifs liés à l’endométriose (ballonnements, constipation, etc.).

Mode d’utilisation : Décoction des racines (pour son côté nutritif)

Le gingembre (Zingiber officinale)
En cas de congestion circulatoire au niveau du bassin, le gingembre est une épice des plus intéressantes. En diminuant la congestion (favorisant une meilleure circulation sanguine), cela peut aider à diminuer les douleurs et inconforts liés aux menstruations. En plus d’avoir un effet sur les crampes (antispasmodique), il est réchauffant et stimule la circulation, principalement dans le bassin et les jambes. Il peut aussi favoriser la digestion et soulager les nausées.

Mode d’utilisation : Infusion du rhizome de gingembre frais râpé. Capsules. Cataplasme

Méditation (pleine conscience)
Par la méditation, il est possible d’apprendre à mieux composer avec la maladie. En cas de douleurs chroniques, la méditation peut permettre d’atténuer la perception de la douleur ainsi que les aversions négatives du mental envers celle-ci. La pleine conscience propose, entre autres, d’observer les douleurs de manière à faire la distinction entre la sensation de douleur ou d’inconfort ressentie physiquement et la réponse cognitive y étant associée. Sans pour autant nier les douleurs, il s’agit donc d’apprendre à ne pas s’y identifier pour mieux composer avec celles-ci.

Vers une meilleure prise en charge…
Finalement, comme nous l’avons vu, il est certainement urgent, aujourd’hui, de déployer beaucoup plus d’effort afin de sensibiliser au fléau que représente l’endométriose. Nous devons d’abord tous nous mobiliser afin de faire mieux connaitre l’endométriose. Nécessairement, c’est via des actions concrètes au niveau gouvernemental que l’on pourra faciliter l’accès à de meilleurs soins, comprenant idéalement, un ensemble de solutions tant au niveau de la médecine conventionnelle que des approches holistiques (complémentaires). Si vous êtes une femme atteinte d’endométriose ou si vous avez des symptômes s’y apparentant, n’hésitez pas à en parler à des personnes de confiance.

Ressources pour les femmes atteintes d’endométriose
https://endometriose.quebec/
https://endometriosisnetwork.com/
https://www.facebook.com/EndometrioseQuebe

Par Catherine Drouin
Naturopathe, spécialisée en  santé de la femme, elle est aussi praticienne Arvigo® de massage abdominal Maya et diplômée en enseignement de la méditation pleine conscience. Multi-passionnée, elle étudie également l’herboristerie et la relation d’aide. Son approche est bienveillante et empathique. Sa mission est d’accompagner les femmes à reprendre le pouvoir de leur santé et leur féminité de façon naturelle. 
www.lasanteacoeur.com

Avertissements
*Le terme « femme » est employé ici pour simplifier la lecture du texte mais toutes les personnes dont l’anatomie est féminine sont visées.
*Consultez toujours un spécialiste avant de prendre des plantes médicinales pour vous assurer qu’il n’existe pas de contre-indication pour vous. N’interrompez pas un traitement médical ou pharmaceutique de manière non-assistée d’un médecin ou autre professionnel de la santé. 

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Références
1.
 Giudice LC, Kao LC. Endometriosis. Lancet. 2004;364(9447):1789–99. [PubMed] [Google Scholar]

2. Kristen Upson, Anneclaire J. De Roos, Mary Lou Thompson, Sheela Sathyanarayana, Delia Scholes, Dana Boyd Barr, Victoria L. Holt. Organochlorine Pesticides and Risk of Endometriosis: Findings from a Population-Based Case–Control StudyEnvironmental Health Perspectives, 2013; DOI: 10.1289/ehp.1306648

3. Endometrial macrophages, endometriosis, and microbiota: time to unravel the complexity of the relationship https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31843078/

4. Endometriosis, dysmenorrhoea and diet  https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23642910/

Autres sources consultées
• Aviva Romm, MD https://goop.com/wellness/sexual-health/a-guide-to-understanding-and-holistically-treating-endometriosis/
• Passeport Santé https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=endometriose_pm
• ​​​​​​​Cours Herbal Medicine for Women (Aviva Romm, MD)
• ​​​​​​​Cours Materia Medica et Alimentation thérapeutique (École Flora Médicina)
• ​​​​​​​Livre Au coeur de la tourmente, la pleine conscience : MBSR, la réduction du stress basée sur la mindfulness : programme complet en 8 semaines John Kabat-Zinn

Par Catherine Drouin

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