Jérémy Demay

Fort d’un cheminement qui a débuté en 2010, Jérémy Demay s’est tracé une voie unique, mélangeant humour et bienveillance avec un naturel désarmant. Entre ses spectacles rigolos, ses conférences inspirantes et ses livres qui poussent à l’introspection, l’homme qui a repris pied partage sa sagesse et ses réflexions à ceux qui veulent bien l’écouter. 

Pandémie oblige, les conférences que donne Jérémy Demay ont désormais lieu sur Zoom. Plus que jamais, avec le télétravail et l’isolement des derniers mois, les besoins sont grands. «Il y a une grosse demande en ce moment. De nombreuses compagnies veulent faire du bien à leurs employés.» Et ça tombe bien, car l’humoriste a le don de mettre un baume sur le cœur des gens! On le lui fait d’ailleurs remarquer dès le début de l’entrevue. Depuis qu’il a quitté le marketing pour la vie -publique, l’humoriste semble avoir placé l’être humain au centre de ses (pré)occupations. «J’ai fait une dépression en 2010 et, à cette époque, je me suis dit que je devais faire un choix: soit je prenais le chemin des antidépresseurs, soit je me trouvais des outils. J’ai opté pour le deuxième. Au fur et à mesure de mes démarches, c’est devenu quelque chose qui me plaît beaucoup. L’humain, la santé, s’ouvrir aux autres… Ça m’intéresse vraiment. Ce n’est pas juste quelque chose que je promeus, c’est ce que je pratique tous les jours. Ça m’intéresse d’apprendre et de comprendre.»

Quand on s’intéresse à l’être humain, les possibilités d’apprentissage sont infinies. «J’aime m’ouvrir à des choses qui me font du bien, qui peuvent m’aider à accéder à un potentiel en moi dont j’ignorais l’existence. Ces dernières années, j’ai découvert plusieurs choses, comme le froid, la méditation, le yoga, l’acuponcture. Des choses qui rendent ma vie plus douce et simple.» Bien que les sujets abordés dans ses livres ou ses conférences soient des choses à la mode, il ne faut pas voir derrière la volonté de Jérémy autre chose qu’un désir de partage. «Je n’ai jamais eu de stratégie dans ma carrière. J’ai toujours fait simplement ce que j’avais envie de faire. Tout est venu d’impulsions. Ça a façonné l’humain et l’artiste que je suis.»

Jérémy Demay, entrevue

Son premier livre, La liste, paru en 2015, a trouvé plus de 100 000 preneurs, un fait rare au Québec. Il le dit à qui veut bien l’entendre: il a écrit ce qu’il aurait voulu lire lorsqu’il en avait besoin cinq ans plus tôt. Mais il n’est pas là pour sauver les gens. «J’ai eu une phase “Jésus”, où je voulais aider tout le monde, mais j’ai lâché ça. J’ai longtemps pensé que je pouvais sauver les autres, mais ce n’est pas vrai. Si les gens veulent être sauvés, ils vont faire le cheminement. Ça ne sert à rien de vouloir convaincre un interlocuteur qui n’est pas ouvert. Je fais mon truc, j’en parle aux gens -réceptifs. C’est ma façon de me préserver et de ne pas dépenser mon énergie pour rien.» Son approche non -moralisatrice a tout de même su accrocher un large public. «Les gens ont compris que c’était un partage. Je ne donne pas de leçon, je m’inclus là-dedans. J’ai créé un format, une recette qui a plu aux gens. Ça devait être écrit, et les gens avaient besoin de le recevoir.»

Après trois ouvrages à succès (après La liste, il y a eu La suite et La vie), reste-t-il encore quelque chose à dire? «Je croyais que c’était clos, que j’avais fait le tour... Mais j’ai eu une impulsion pour un autre livre. Il existe dans mon cœur, mais je ne sais pas si c’est le bon moment pour le coucher sur papier et le publier.» L’humoriste a en effet de nombreux projets. Il rédige un troisième one man show et prépare un spectacle pour la France. Tout ça sans compter le programme Vivant, un projet qu’il a mis sur pied l’automne dernier avec Chantal Lacroix et qui a été lancé en janvier au terme d’une semaine d’inscription. «C’est un programme qui s’échelonne sur dix semaines, avec dix thèmes différents. On y trouve des entrevues, des conseils d’experts et des témoignages de personnalités publiques. Des vidéos sont débloquées chaque semaine, et nous faisons également des échanges en direct sur les réseaux sociaux. Le succès a été phénoménal, et nous allons rouvrir les inscriptions pour une nouvelle cohorte à l’automne. Je suis fier d’avoir créé un truc comme ça avec Chantal et son équipe. Nous adorons travailler ensemble. Nous avons envie de faire de la télé ensemble, nous allons voir si ça se fera un jour!»

D’ici là, Jérémy poursuit son cheminement grâce à son nouveau rôle, celui de papa de Loa, née au début de l’année 2020. «La pandémie m’a permis d’être papa à temps plein. Maintenant, j’ai un respect énorme pour les parents qui restent à la maison. C’est très demandant!» La parentalité lui donne donc une nouvelle occasion de poursuivre son travail sur lui-même. «Ça me permet d’apprendre à moins m’appartenir, à moins penser à moi tout le temps. Je veux être un homme de famille, et ça prend des efforts pour un gars comme moi. Il y a des gens qui comptent sur moi, et je me dois d’être au rendez-vous. (…) J’ai appris à me calmer aussi. Parfois, je berce Loa longtemps, et je sens l’impatience ou la frustration qui monte en moi. J’ai appris que c’était moi qui me disais que je devais faire autre chose. Mais qu’est-ce que j’ai de mieux à faire que de bercer ma fille dans la vie? Alors, je me parle, je suis plus conscient.» 

Quant à ce qu’il souhaite léguer à sa petite, on reste dans le domaine des émotions et de l’expérience humaine. «Moi, par exemple, je n’avais jamais appris à me “connecter” à moi, à exprimer mes émotions. Je viens d’une famille où il y avait beaucoup de déni, beaucoup de non-dits. Je veux éviter ça à ma fille. Quand elle se met à pleurer, je lui parle: “Qu’est-ce qui ne va pas? Tu es fâchée? Tu es en colère? Tu te sens prise? Même si elle est petite, j’essaie de l’aider à nommer ce qu’elle ressent pour lui apprendre jeune à se “connecter” à ses émotions. Je lui parle comme à un adulte, en fait.» Voilà peut-être bien le fil commun qui relie toutes les interactions de Jérémy avec sa fille, oui, mais aussi avec son public, que ce soit en humour, en conférence ou par écrit. Il sait faire appel à l’intelligence des autres et ne se défile pas devant les sujets qui pourraient être difficiles. «Il y a plein de choses dans ma vie avec lesquelles j’avais un malaise avant: parler d’argent, de mon couple, des erreurs que j’ai pu faire, etc. C’était très tabou pour moi. Je me suis rendu compte que plus j’en parlais -publiquement, autant avec mes amis que les gens en général, plus je vivais bien avec tout ça. Plus on garde les choses cachées, plus elles vont remonter à la surface… et souvent pas de la bonne façon. Lorsque tout le monde enlève son masque, on vit dans un monde plus vulnérable, plus ouvert… plus agréable.» 

www.jeremydemay.com
Facebook: JeremyDemayOfficielInstagram: JeremyDemay2

Par Andréanne Blanchard

À lire aussi