Vos enfants adultes dépendent-ils encore de vous?
finances
Un sondage effectué en juin 2018 aux États-Unis par Merrill Lynch (en partenariat avec Age Wave) indique que le fait de soutenir financièrement leurs enfants âgés de 18 à 34 ans coûte deux fois plus aux parents que ce qu’ils investissent dans leur retraite. Certes, dans la vie d’un parent, peu de choses sont plus importantes que sa famille. Toutefois, pour que la vie de leurs enfants soit aussi aisée (voire davantage) que peut l’être la leur, certains parents peuvent aller jusqu’à commettre quelques « imprudences financières ». Selon le même sondage, sur les 2 500 parents américains interrogés, 66 % affirment que cela va même jusqu’à ébranler leur propre sécurité financière. Leur générosité parentale peut donc causer de graves préjudices sur leurs finances et représenter, à la longue, une menace sérieuse sur leurs projets de retraite. Non seulement ces parents risquent de s’en mordre les doigts, mais leur progéniture pourrait aussi en subir — ironiquement — le contrecoup.
Quand les parents deviennent la solution
À vrai dire, avant même que la pandémie ne survienne, le phénomène de dépendance financière d’adultes envers leurs parents avait déjà atteint une prévalence sans précédent. Ainsi, aux États-Unis, un peu plus de 32 % des adultes de 18 à 34 ans vivaient chez leurs parents, soit le niveau le plus haut depuis 1880, puis, avec la pandémie, ce problème s’est amplifié. Au Canada seulement, en 2020, environ 1,5 million d’adultes sont retournés vivre chez leurs parents, alors que 600 000 autres songeaient à le faire. Les perspectives de notre époque sont certes décourageantes pour plusieurs jeunes adultes. Faisant face à des pertes d’emplois, à la hausse du coût du logement et de la vie, à une dette étudiante souvent importante, à la longévité croissante et à la disparition potentielle de l’existence d’un filet de sécurité pour leurs vieux jours, les jeunes adultes voient inévitablement leurs finances en subir les impacts négatifs. Le recours aux parents représente alors souvent un remède intéressant. Que ce soit pour économiser ou pour retomber plus rapidement sur leurs pieds après un changement, plusieurs choisiront de retarder leur départ du foyer familial, de retourner vivre chez leurs parents ou de leur demander de payer certaines de leurs dépenses.
Apprendre à dire non
Pour les parents que nous sommes, il peut être difficile de dire non à nos enfants. Après tout, depuis qu’ils sont tout petits, nous nous sommes donné pour mission d’être en mesure de résoudre chacun de leurs problèmes. De plus, sentir que nous leur sommes indispensables et que nous contribuons à leur bonheur peut nous rassurer face à l’angoisse de les voir grandir. Toutefois, l’aide financière que nous leur apportons ne devrait pas porter ombrage à nos propres objectifs financiers. Ainsi, dans la perspective d’une retraite confortable, nous sommes nombreux à devoir réduire ou éliminer certaines dépenses, afin de pouvoir atteindre cet objectif en temps utile. Dans ce cas, compte tenu que personne ne dispose de ressources illimitées, aider nos enfants consiste en quelque sorte à nous ajouter une dépense de plus, diminuant ainsi le montant que nous pouvons allouer à notre retraite. Avant de passer à l’acte, nous devrions tous nous poser deux questions. D’une part, est-ce que cela affectera substantiellement notre situation financière ? Dans l’affirmative, il peut être préférable de ne pas céder aux demandes d’argent. D’autre part, est-ce que les aider encouragera le maintien d’une dépendance financière ? Si c’est le cas, peut-être vaut-il mieux de ne pas s’engager dans cette voie, en considérant que notre objectif de parent est que nos enfants deviennent autonomes à l’âge adulte. Après tout, il ne faut pas oublier que, si notre générosité envers nos enfants adultes compromet notre avenir financier, ils risquent eux-mêmes d’en payer le prix en aval, lorsqu’ils seront appelés à nous soutenir à leur tour, lors de nos vieux jours.
Aider sans s’oublier
Après avoir réfléchi à ces questions, si notre désir consiste encore à soutenir nos enfants, quelques stratégies peuvent nous permettre d’y parvenir sans perdre de vue nos objectifs. Par exemple, il est possible de leur ouvrir un compte bancaire dans lequel un montant maximal sera déposé, d’établir avec eux une entente claire qui prévoit les montants dont ils pourront disposer et leur récurrence ou de leur accorder un prêt conclu formellement, par écrit. À cet effet, un prêt fait en bonne et due forme est un excellent moyen de calmer de possibles tensions au sein de la fratrie, par exemple lorsque ce ne sont pas tous les enfants qui bénéficient de l’aide financière de leurs parents. Par ailleurs, contrairement à une idée reçue, clarifier par écrit une entente protège nos relations avec nos proches, plutôt que de les endommager : au contraire, ce sont davantage les ententes vagues et incomplètes qui peuvent mener à des conflits susceptibles de dégénérer. La règle d’or dans de telles situations est de toujours respecter nos moyens financiers, de ne jamais perdre de vue nos objectifs et d’avoir une communication ouverte, exhaustive et claire entre toutes les personnes concernées.
L’indépendance, la plus grande des richesses
Afin de prévenir une telle dépendance financière chez nos enfants à l’âge adulte, il est avisé de prendre acte de cette possibilité dès leur plus jeune âge. Pour que nos enfants soient financièrement indépendants à l’âge adulte, ils gagnent à être éduqués, très tôt, sur les réalités financières qu’ils devront affronter lorsqu’ils seront grands. Toutefois, transmettre des valeurs liées à la responsabilité et à l’autonomie implique de posséder -nous-mêmes ces connaissances et ces attitudes, des lacunes à cet égard pouvant être comblées avec l’aide d’experts du domaine des finances. Lorsque les habitudes financières de nos jeunes enfants les orientent vers leur future autonomie, nous nous plaçons en meilleure posture pour mettre nos retraites au premier plan, et nous nous évitons toutes les tensions liées à la négociation du lien de dépendance et à ses implications pragmatiques, émotionnelles et relationnelles.
Christine Venne, FCSI®, CIM®
Gestionnaire de portefeuille et conseillère en placement adjointe.
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