Les hauts et les bas d'une végétarienne

Entrevue

J’ai réussi à attraper la sympathique animatrice Julie Snyder, en pleine rénovation pour le tournage de la deuxième saison du Jour J, afin de jaser avec elle de végétarisme. Alors qu’elle lançait ce printemps une toute nouvelle gamme de produits végétariens et végétaliens, la petite démone (les plus grands comprendront) allait certainement avoir bien des choses à me dire sur ce mode de vie qu’elle a adopté il y a plus de trente ans, déjà.

Je suis désolée, mais il va falloir faire l’entrevue un peu dans le chaos. Mon bureau n’est pas encore prêt… j’ai fait des erreurs dans mes choix précédents, et on a été obligés de tout recommencer. La bonne nouvelle, c’est que j’ai maintenant un bureau super ergonomique. » Cette entrée en matière me fait sourire, car cette fougue, je la reconnais, et c’est pourquoi j’aime autant Julie, depuis ses débuts.

Les premiers pas
C’est en 1991 que l’animatrice a commencé à exclure la viande de son alimentation. « J’ai été végétarienne dans ma tête avant de l’être dans mon corps. Je m’explique. Toute petite, je me souviens d’avoir vu du steak haché sur le comptoir de la cuisine, il baignait dans une mare de sang. Ça m’a écœurée solide. Quand je mangeais des côtelettes de porc, j’imaginais mes propres côtes, quand je mangeais du poulet, je voyais la petite poule s’en aller à l’abattoir, donc ça m’a vite sensibilisée au sort que subissaient les animaux qui se retrouvaient dans mon assiette. »

C’est avec honnêteté que Julie avoue avoir passé pour l’amie chiante au début de sa démarche. « Ce n’était pas facile de maintenir mes choix à l’époque. On a fait un bout de chemin depuis, heureusement. Plus personne ne me juge, au contraire. » Pourquoi ? Car nous sommes tous conscients de l’importance, en 2022, de diminuer notre consommation de viande. « Au début des années 1990, c’était difficile de trouver des protéines végétales. Tout le monde me faisait tellement peur avec ça que j’avais développé un système qui faisait que je mangeais avant d’aller chez ceux qui m’invitaient pour un lunch ou un souper. Dans les restaurants, c’était aussi compliqué. En France, chaque fois que je demandais des plats végétariens, on m’apportait du riz avec des légumes. Disons que c’était redondant, mais bon… je faisais avec les contraintes. »

Le temps, notre meilleur allié
Opter pour un régime végétarien est sans aucun doute un style de vie qui se peaufine avec le temps. « Ça m’a pris des années à simplifier le tout. Je dirais qu’aujourd’hui, c’est beaucoup mieux, mais ça me demande d’être prévoyante et d’anticiper les choses. Ça reste que je suis souvent celle qui se marginalise chaque fois que je suis en groupe. C’est fluide uniquement quand je suis chez moi. »

Et elle ne triche jamais ? « Non, jamais ! C’est facile avec la viande de ne pas tricher, ce n’est pas une drogue, une dépendance comme peut l’être le sucre, la cigarette, le café ou l’alcool. Je n’ai pas de mérite. Quand on arrête de manger de la viande, notre corps s’habitue assez rapidement. Je n’ai aucun manque en fait et je sais que je vais mourir végétarienne. »

Un choix familial ?
Faire le choix de suivre un tel régime, c’est une chose, mais qu’en est-il des enfants ? « Quand ils allaient à la garderie, ce n’était pas simple. Je n’ai jamais compris pourquoi on acceptait de changer le menu d’un enfant pour une question de religion, mais pas pour les enfants végétariens. Romy et Thomas ont adhéré au végétarisme facilement. Je me souviens d’avoir demandé au père de mes enfants s’ils pouvaient être végétariens mais avec poisson. Un jour, Thomas est allé à la pêche et, en revenant, il m’a dit : "Maman, c’est fini. Je ne veux plus jamais en manger." Il n’avait pas aimé le sort qu’on leur réservait. Aujourd’hui, c’est ma fille qui ne mange plus de poisson. J’ai toujours pensé qu’à l’adolescence, ils allaient se révolter contre ce style de vie… et non, ce n’est pas arrivé. Bon, ils se sont révoltés pour autre chose mais pas pour ça. »

Une santé de fer
Chaque fois que Julie passe des prises des sang, on lui dit qu’elle a le taux de cholestérol d’une fille de 16 ans, quasi olympien. « Je mange beaucoup de fromage, des œufs, du yogourt… d’un point de vue éthique, je ne suis pas parfaite. J’aspire à devenir végane. Mon énergie est quintuplée. Ça m’arrive d’être fatiguée dans la vie, mais jamais après un repas. Ça m’aide aussi à garder la forme, c’est bon pour la peau et je me suis même débarrassée de mon allergie aux chats un an après avoir commencé mon régime végétarien. Je ne suis pas médecin, mais moi, ça m’a beaucoup aidée. »

La naissance d’une marque
Le désir de partager les bienfaits d’un régime végétarien, Julie l’a toujours eu, mais il a pris de l’ampleur quand elle a réalisé ce qui lui manquait pour bien vivre son végétarisme. « C’est Amélie Léger, ma voisine et amie aux Îles de la Madeleine qui m’a dit : "Mais pourquoi on ne les ferait pas, nous, les produits, qu’il te manque ?" Elle avait tellement raison. La démarche s’est faite dans un grand respect de mes valeurs et de ma vision. Ensuite est arrivée Marie-Pier Gaudreault, la vice-présidente de Productions J, puis Joanne Lefebvre, de chez Paprika Design, qui a fait toute l’image de la marque. Et voilà, j’avais une gamme de produits végétariens et végétaliens qui allaient être distribués dans les épiceries Metro du Québec. »

Des idées plein la tête
Après les sauces pour pâtes, le tofu, une huile d’olive, des vinaigrettes, du beurre d’amande et d’arachide ainsi que trois tartinades de tofu, Julie souhaite développer davantage sa gamme en y ajoutant de nouveaux produits. « Je voudrais lancer un chocolat noir caramel fleur de sel végétarien et végétalien ainsi qu’un végé pâté. Il faut savoir que, lorsque je cuisine pour des amis ou pour la famille, je suis un peu paresseuse, alors j’ai conçu mes produits en pensant que je n’étais pas la seule qui avait besoin d’aide pour épater la galerie. »

Marche à suivre pour futur végétarien
Un conseil pour celui ou celle qui voudrait se lancer dans l’aventure végétarienne ou végane ? « Il faut se donner du temps et faire un pas à la fois. On commence par l’annoncer à ses proches, pour qu’ils puissent apprivoiser l’idée. Ensuite, on doit modifier quelques habitudes, que ce soit choisir un végé burger ou un hot-dog au tofu quand on est sur la route. Il faut aussi penser à essayer différents produits, des options qui nous sont proposées en épicerie pour définir nos préférences. Il est impossible de courir un marathon du jour au lendemain, alors c’est la même chose quand on veut devenir végétarien. Ça prend de l’entraînement pour y arriver et beaucoup de patience. »
 

Pour suivre les actualités de l’animatrice, rendez-vous au www.juliesnyder.ca
Instagram : Julie Snyder

 

Valérie Guibbaud
Coordonnatrice de contenu pour le magazine Mieux Être et Moi Parent.
Journaliste, animatrice et autrice
vguibbaud@lexismedia.ca

Par ­Valérie ­Guibbaud

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