Transmettre le patrimoine un partage entre les générations

finances

Il est reconnu que, lorsqu’on considère les transferts d’actifs sur trois générations, seulement 9 % des familles réussissent à augmenter leurs actifs entre la première et la troisième génération. Ce faible pourcentage nous indique que, durant ces transferts, beaucoup d’argent est mal géré ou, pire, que la richesse est dilapidée. Le secret pour empêcher ce dénouement regrettable réside dans la préparation adéquate des éventuels héritiers de ces transferts.

Soyons réalistes : ce n’est pas tout le monde qui, après avoir reçu des sommes importantes, sait quoi en faire et comment les gérer de manière responsable. Dans les cas de transferts intergénérationnels à l’endroit des enfants et des petits-enfants, la préparation de ces derniers à recevoir notre richesse est donc l’un des meilleurs moyens de veiller sur eux et de nous assurer de la pérennité de notre patrimoine pour les générations futures. Les trois principes suivants sauront grandement guider cette préparation.

Transmettre l’histoire financière de la famille
Avant toute chose, la transmission du patrimoine — qu’il s’agisse de biens ou d’entreprises — repose sur la transmission préalable des valeurs et attitudes familiales se rapportant à l’argent. À cet effet, une communication ouverte et transparente entre les parties est nécessaire. Le meilleur moment pour ouvrir la discussion est lorsque les enfants sont tout jeunes. Durant cette période charnière, on peut profiter de leur grande curiosité à l’égard de leurs origines pour leur raconter les aspects financiers de l’histoire de la famille. De la sorte, on les renseigne sur la façon dont la richesse s’est construite et sur les manières qui ont été utilisées pour la conserver. Au cours des échanges, il pourra être approprié d’introduire le sujet de l’épargne. En s’inspirant de l’exemple de leurs parents, les jeunes souhaiteront amorcer leur propre épargne, par exemple en déposant dans leur petite tirelire les sous que la fée des dents leur a laissés. Ensuite, en fonction de leur âge, de leur développement et de leurs champs d’intérêt, on veillera à adapter le contenu des discussions, en s’assurant de garder les jeunes toujours intéressés. Les objectifs et les stratégies à long terme qui ont servi de guides à ceux qui ont construit la richesse patrimoniale pourront faire partie des sujets à discuter. L’histoire familiale s’enrichira de nouveaux détails avec le temps et à mesure que les enfants seront capables de les intégrer, ce qui dépendra de leur développement individuel. Votre savoir et vos expériences, autant les bonnes que les moins bonnes, vont constituer de précieuses leçons acquises dans un environnement rassembleur et rassurant. Grâce à des entretiens réguliers, on souhaite que les liens familiaux deviennent plus forts, de manière que le futur transfert de richesses soit harmonieux.

Créer un environnement propice à l’apprentissage
Même si vous faites la promotion d’échanges ouverts et transparents avec vos futurs héritiers à propos des valeurs familiales et l’histoire de vos finances, il faut également qu’ils aient été préparés au côté pratique de la gestion des actifs dont ils hériteront. Il importe de créer pour eux un environnement propice à différents apprentissages financiers. Cela sera non seulement utile dans le cadre du transfert éventuel de vos richesses, mais aussi dans leur vie personnelle. L’important, c’est de débuter par des choses toutes simples ; puis, en fonction de la progression des apprentissages de chacun, on les exposera graduellement aux actifs qu’ils auront à gérer.

Lorsque les héritiers sont encore jeunes, la promotion d’une discipline d’épargne devrait les inciter à prendre une telle habitude. Avec l’argent qu’ils reçoivent en cadeau ou qu’ils gagnent en effectuant différents travaux, on les invitera à mettre en pratique les bons comportements financiers qui caractériseront leur vie d’adultes. Ainsi, pour chaque somme ou cadeau reçu, on les encouragera à mettre un montant de côté pour l’épargne et à diviser le reste en trois fonds : un pour les objectifs à moyen ou long terme (par exemple, s’acheter de nouveaux skis l’hiver prochain), un autre pour leurs petites dépenses (par exemple, un jeu de société) et un dernier lorsqu’ils voudront acheter des cadeaux à leurs amis ou aux membres de leur famille. À cet âge, il faut prendre le temps de leur expliquer que l’argent nous permet d’acquérir des biens, mais qu’il importe aussi d’en épargner.

À l’adolescence, vos enfants auront probablement davantage recours à votre aide financière pour payer des sorties, des vêtements ou des appareils électroniques, ce qui devrait mener à une discussion sur ce que vous êtes prêt ou non à payer, sur l’importance de se responsabiliser et sur la pertinence pour eux d’établir leur propre budget afin de pouvoir se permettre les dépenses qu’ils jugent prioritaires. Grâce aux apprentissages et à la confiance déjà acquise avec les années, ils pourront envisager l’ouverture de leur premier compte de placement. Choisir eux-mêmes d’investir dans tel ou tel produit ou entreprise pourra être particulièrement motivant, dans la mesure où il y a une bonne préparation.

Au début de la vie adulte, alors que vos enfants feront leurs premiers pas sur le marché du travail, des sujets comme l’impôt ou les différents véhicules de placements et leurs particularités fiscales pourraient les intéresser. Plus tard, s’ils en viennent à devoir subvenir aux besoins de leur propre famille, ils prendront conscience du caractère inestimable de la mine d’or de sagesse pratique que vous leur aurez transmise depuis leur plus jeune âge. Outre le transfert de richesse auquel vous vouliez les préparer, ces acquis leur serviront aussi à leurs propres planifications financière et successorale.

Encourager leur implication
Au moment jugé opportun, il sera important d’encourager l’implication des héritiers dans les décisions financières et les investissements de la famille. Ainsi, lors des réunions familiales, il est important de valoriser les suggestions qu’ils font et les opinions qu’ils ont en matière d’investissement, car elles pourront faire naître des idées qui, jusqu’à maintenant, n’avaient peut-être jamais été explorées. Au cours de ces réunions de famille, les valeurs qu’on tente de leur transmettre depuis leur plus jeune âge devraient ressortir. Si ce n’est pas le cas, il ne faut pas se décourager, mais plutôt reprendre les discussions. De plus, dans la perspective d’un transfert fluide des actifs de la famille, une coopération sera fortement encouragée durant ces rencontres entre les enfants et, à l’occasion, avec les petits-enfants.

En conclusion, mieux les héritiers seront préparés, mieux ils pourront gérer la richesse dont ils vont un jour hériter. Cette préparation leur permettra aussi de réagir de façon plus adaptée face aux éventuelles surprises qui se présenteront dans la vie, par exemple la perte du conjoint. Ainsi, de bonnes valeurs familiales quant à l’argent, une éducation financière adéquate et des occasions fréquentes d’implication dans les décisions d’investissement de la famille permettront de bien réagir face à un grand nombre de situations. De plus, un jour, ce sera au tour des héritiers de mener la même réflexion à propos de la transmission de leur patrimoine. Comme vous, ils auront à préparer la génération suivante afin de s’assurer qu’elle sera apte à perpétuer à son tour la richesse familiale. Dites-vous que le temps et les efforts déployés à préparer vos héritiers représenteront en vérité un de vos legs les plus précieux.

CHRISTINE VENNE, FCSI®, CIM®
Gestionnaire de portefeuille et conseillère en placement adjointe
À l’aide de ses connaissances en planification financière et en gestion de patrimoine, Christine consacre principalement son énergie à aider les femmes dans la définition et l’atteinte de leurs objectifs de vie.
Patrimoine Richardson Limitée • Christine.Venne@PatrimoineRichardson.com
514 989‑4805 ou 1 800 989‑4803 • www.rendezvousaufeminin.com

Par ­Christine ­Venne

À lire aussi